Aziliz - Théâtreuxe
En ce début d’année 2025, nous avons impulsé la création d’un collectif pour donner une suite au projet de formation et de médiation numérique Influen’scène que nous avons porté aux côtés de 12 théâtres sur les saisons 22/23 et 23/24. Influen’scène a grandi et c’est aujourd’hui un collectif d’une dizaine de créateur⸱ices de contenu qui porte une parole engagée et diverse pour et depuis le spectacle vivant.
Nous leur donnons la parole.
Présentation
J’ai fait des études de théâtre et je suis comédienx. Un jour, pendant mes études de théâtre, je me suis rendu compte que j’avais peu de gens avec qui partager ce que je faisais. Les trucs qui m’intéressaient tout le monde s’en foutait autour de moi, donc pourquoi pas partager tout ça sur les réseaux sociaux.
J’ai commencé avec un podcast en faisant de la vulgarisation pour rendre accessibles les choses que j’apprenais moi, car tout le monde n’a pas la possibilité ou l’envie de faire des études de théâtre.
Au fur et à mesure j’ai évolué et essayé plein de choses. Aujourd’hui, je suis plutôt présentx sur Instagram et Tiktok et un peu sur YouTube.
Je fais des critiques de spectacle, de l’analyse théâtrale et je donne des conseils pour appliquer ce que les profs de théâtre demandent. À côté, dans la vie, je donne des ateliers de théâtre à des enfants et je joue dans des spectacles !
Donner les clés pour comprendre le théâtre
Je ne crois pas en l’idée qu’en mettant des personnes devant une œuvre d’art elles vont être frappées par la grâce et apprécier et comprendre sans avoir les clés.
Je crois très fort que c’est important d’initier les gens à ça et de les accompagner. Ce que je fais en vulgarisation, c’est pour accompagner ça.
J’aimerais bien qu’il y en ait plus, on voit toujours la différence par exemple entre des scolaires qui ont travaillé sur les spectacles avant ou non. C’est quelque chose pour lequel je me bats pas mal.
Une voix générationnelle sur les réseaux
Je suis un pur produit de la génération Z. Je crée du contenu sur les réseaux sociaux car c’est ce que je consomme, et que les médias traditionnels m’ennuient et me paraissent inaccessibles, alors même que je viens d’une forme d’élite intellectuelle et culturelle.
Je me rends bien compte que pour plein de gens, c’est sur les réseaux sociaux qu’ils seront les plus ouverts. Mon public a à peu près mon âge, et je pense qu’ils ne vont pas forcément lire des magazines de théâtre.
En arrivant avec un angle d’approche différent, je peux leur apprendre des trucs. Si les gens vont au théâtre parce que je leur ai conseillé des spectacles, c’est merveilleux mais c’est assez rare je pense. J’ai déjà gagné si les gens ont appris des choses sur mes vidéos ou ont voulu s’intéresser plus profondément à quelque chose. Dans les retours que j’ai eus, je sais que j’ai aidé des gens pour leur bac de français ou de théâtre.
Les gens qui me suivent sont plutôt des lycéen·ne·s ou des étudiant·e·s dans des domaines culturels, en tout cas des personnes déjà intéressées par ça.
Créer ensemble, résister ensemble
Faire de la création de contenus sur les réseaux sociaux, c’est quelque chose de très solitaire où on apprend tout sur le tas. Je fais étrangement partie des premiers créateurs de contenus théâtre, plein de gens sont arrivés après moi et sont plus au fait de comment ça marche que moi.
Le collectif Influen’Scène apporte du partage, des astuces. Sentir de faire quelque chose avec des idées en commun apporte beaucoup à une heure où l’on a énormément besoin de se battre pour la culture. Ça nous apporte aussi plus de visibilité. On a par exemple plus de visibilité que les compagnies, ce qui permet d’inciter les gens qui nous suivent à militer, à venir aux actions.
Je pense que si on peut utiliser ce système “d’influenceur·euse·s” pour influencer les gens dans le bon sens, à se politiser et à voir la culture comme plus que quelque chose que l’on consomme.
Un théâtre politique et engagé
J’aime beaucoup le théâtre politique et je suis très politiséx. Je me concentre beaucoup sur la question des représentations. Faisant notamment partie de minorités, je me rends bien compte que ce qu’on voit au théâtre est souvent le reflet d’une majorité privilégiée.
On a besoin de mettre en lumière des récits différents. Dans ma démarche personnelle, je vais voir très peu de spectacles d’hommes, particulièrement d’hommes blancs cisgenres hétérosexuels.
Je fais un gros travail de sélection pour aller voir de plus petits spectacles et je me concentre sur la portée politique de ces spectacles là pour savoir si ce sont de “bonnes” ou “mauvaises” représentations, même si ce n’est jamais 100% bon ou mauvais. Je me concentre aussi beaucoup sur l’accessibilité au théâtre, pour les personnes handis, mais aussi du point de vue de l’éducation, des prix, etc.
En collectif, la pensée politique se centre plus sur l’idée que tout le monde est bienvenu dans les théâtres.
Toucher les gens avec des sujets qui les concernent
Mon objectif, c’est de montrer que des spectacles peuvent parler de sujets qui les touchent.
J’avais fait une vidéo sur un spectacle qui parlait d’amour non normatif et plein de gens du milieu queer rennais sont venu·e·s parce que c’est un sujet qui leur parlait. J’ai centré ma vidéo sur comment le théâtre peut parler de sujets qui comptent.
Drag et théâtre, une alchimie évidente
J’ai fait une fois du drag et j’aimerais en faire plus, c’est un art qui me fascine et que j’aimerais pratiquer depuis longtemps. En préparant l’unique performance drag de ma vie, je me suis rendu compte que le théâtre servait beaucoup.
Tout ce que j’ai appris en théâtre était extrêmement utile. C’est une forme de spectacle : chaque performance drag est une mini pièce de théâtre, avec une dramaturgie, des personnages, etc. Le drag a beaucoup à apprendre au théâtre, le public n’est pas mort assis sur une chaise, c’est très vivant !
Créer plus de liens entre les deux serait bénéfique, sans perdre la dimension politique du drag, ce qui est un risque avec l’institutionnalisation de ces pratiques. Le milieu culturel doit aussi se battre pour que les artistes drags ne restent pas aussi précaires qu’aujourd’hui.
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